Avalanche de nouveautés chez les éditeurs de logiciels à Mémoire de traduction : SDL Trados, Atril DéjàVu et Wordfast revoient leur gamme de produits de fond en comble. Chaque logiciel mériterait un article à lui seul, et l’occasion ne maquera sans doute pas dans les semaines à venir de procéder à une revue de détails de leurs fonctionnalités.
SDL, qui annonçait la semaine dernière SDL Trados Starter Edition, une version (très) bridée de son logiciel à mémoire de traduction disponible en ligne pour à peine 8 € par mois, sort cette semaine une version d’évaluation de SDL Trados 2009 SP2. Il devient enfin possible pour les traducteurs et les agences de se faire leur propre religion au sujet du produit sans débourser un centime… pendant 30 jours. C’est ce à quoi servait autrefois le mode « Démo » de SDL Trados 2007, lequel permettait quelques opérations, comme l’analyse des documents à traduire, sans autoriser une vraie exploitation. La version d’essai actuelle permet une utilisation quasi-complète limitée dans le temps : un bon moyen, si on envisage vraiment de se procurer le logiciel, de le tester à fond avant de prendre une décision définitive. C’est un bon complément de l’ensemble de la gamme SDL, déjà très étendue puisqu’elle comprend l’édition Starter, l’édition Freelance, l’édition Professional, l’édition Workgroup (à licence « flottante »), et l’édition Server. Ouf !
Les concurrents ne sont pas en reste. Wordfast, par exemple, vient de lancer la version 2.3 de Wordfast Pro et Wordfast Pro Plus, qui concurrence SDL Trados Studio. Wordfast Pro 2.3 apporte plusieurs nouveautés extrêmement intéressantes, comme la prise en charge des fichiers PDF, des fichiers MIF (FrameMaker) et des fichiers TTX (les fichiers bi-textes prétraduits de SDL Trados pour TagEditor), un système automatique d’alignement de fichiers, et l’intégration des principaux outils de traduction automatique. Rappelons qu’il s’agit aussi du seul logiciel à mémoire de traduction qui s’exécute aussi bien sous Windows que sous Macintosh OS X ou Linux. Enfin, Wordfast accepte sans difficulté de travailler avec des mémoires de traduction ou des glossaires stockés à distance, même gérés par ses concurrents… Mais il y a désormais plusieurs produits Wordfast : outre Wordfast Pro et Wordfast Classic (l’ancienne version, développée en tant que modèle de document Word), il y a aussi Wordfast Server, pour le partage de mémoires de traduction, et Wordfast Anywhere. Cette dernière offre est étonnante, puisqu’il s’agit d’un logiciel entièrement en ligne, dans lequel on peut traduire ses documents, charger sa mémoire de traduction et son glossaire, les partager avec d’autres traducteurs, bénéficier de la VLTM (<>Very Large Translation Memory) et même faire appel à un moteur de traduction automatique. Le tout gratuitement ! Wordfast nous refait là le coup qui lui avait si bien réussi à son lancement, lorsqu’il diffusait les premières versions de son modèle Word pour rien auprès des freelance, et obtenait en échange des retours d’expérience très détaillés et complets de la part d’une communauté d’utilisateurs très large (le groupe d’utilisateurs Wordfast sur Yahoo! compte près de 15 000 contributeurs). Du reste, wordfast a toujours conservé le principe : l’utilisateur peut exploiter une version bridée du logiciel aussi longtemps qu’il le souhaite avant de l’acheter.
Atril et son distributeur exclusif Powerling ont, eux, choisi une autre voie. Et avant toute chose, ils sont revenus sur la tarification de leurs licences, qui a baissé de 40% à 60% par rapport à ce qui se pratiquait il y a seulement quelques mois. DéjàVu X a été récemment mis à jour pour prendre en compte les nouveautés apportées par SDL Trados Studio 2009 et maintenir la compatibilité avec son concurrent (la version la plus à jour est numérotée 7.5.316). L’éditeur espagnol vient de lancer DéjàVu TeaM Server, qui permet de partager ses mémoires de traduction sans aucune limite de licence en réseau et sur Internet. Powerling se lance dans une ambitieuse conquète de clientèle, en offrant un support technique fouillé et des journées d’accompagnement gratuites aux acheteurs d’une solution complète (TeaM Server, 3 licences clients, 3 formations) pour les aider à démarrer leurs premiers projets. Et, et, et… tout le monde attend avec une impatience non dissimulée la nouvelle version, promise pour très très bientôt.
Que retenir de toutes ces annonces ? Une chose, tout d’abord : Google Translator’s Toolkit semble faire peur à tous les acteurs, avec sa solution gratuite de traduction assistée par ordinateur. Et il y a clairement une guerre des prix et des fonctionnalités qui s’engage, plus fermement qu’autrefois. Je n’ai pas la possibilité de publier ici les prix publics de chaque outil, car certains ne figurent pas sur les sites web de leur éditeurs. Mais il n’y a aucun doute sur la hiérarchie tarifaire : SDL Trados reste le plus cher (2 995 € pour la version Studio Professional), suivi (d’assez loin) par DéjàVu (qui vend désormais la version Workgroup à 1 490 €) et Wordfast reste le plus économique, avec une version Professional Plus à 630 € seulement. Seuls SDL et Wordfast proposent un produit en ligne : l’un à 96 € pour un an et l’autre… gratuitement ! Tous proposent d’essayer leur logiciel gratuitement avant d’acheter.
Bref, le monde des mémoires de traduction change, et, espérons-le, l’utilisateur devrait en profiter.