Je voudrais signaler un article court paru sur Booxs, dans lequel l’auteure française Anna Gavalda s’exprime au sujet du métier de traducteur, à l’occasion de la parution en français aux éditions Le Dilettante du roman Stoner, de John Williams, dont elle s’est faite la traductrice. Où l’on découvre la très grande parenté entre les métiers d’auteur et de traducteur, car traduire, c’est écrire.
Archives pour la catégorie Actualité de la traduction
Traducteurs professionnels et agences de traduction technique se retrouvent le 30 septembre
Le 30 septembre, jour de la Saint-Jérôme, patron des traducteurs, ont lieu deux événements intéressant le monde de la traduction professionnelle en France.
Tout d’abord, la CNET (Chambre nationale des entreprises de traduction) tient son premier salon e-CNET à l’hôtel Marriott, entre 14h et 18h. Dédié aux technologies de la traduction, le salon e-CNET accueillera de nombreux exposants. Vous pourrez en effet y rencontrer des représentants d’éditeurs de logiciels de traduction comme Across, DéjàVu, SDL Trados, Similis… ; d’éditeurs de logiciels de gestion des projets de traduction, comme XTRF ou TpBox ; de programmes de formation, comme le Centre de formation des Traducteurs Localisateurs, Terminologues et Rédacteurs techniques de l’Université Rennes 2. Vous pourrez aussi vous y renseigner sur les modalités de la certification qualité Certitrad en vous rendant au stand de Bureau Veritas Certification. Un déjeuner consacré au networking vous permettra de rencontrer d’autres professionnels de notre métier, et de nouer des relations que vous pourrez approfondir l’après-midi au sein de l’Espace Networking.
Et le soir, vous pourrez vous rendre au Cercle Saint-Jérôme, organisé par Arnaud Bramat, le fondateur de l’agence Aerotraduction et Marie-Christine Lemasson en vous rendant au Café Brunel (2 rue Brunel, Paris 17ème, Métro Argentine) pour y écouter Jean-René Ladmiral discourir sur le thème : « Théorèmes pour la traduction : entre Euclide et Pasolini, à quoi rime la traductologie ? » La conférence sera suivie d’un cokatail dînatoire, pendant lequel vous pourrez non seulement vous restaurer mais aussi, et surtout, rencontrer des traducteurs indépendants et des universitaires spécialisés dans notre domaine. N’hésitez pas à envoyer un e-mail à Arnaud ou Marie-Christine pour vous inscrire, ni à amener quelqu’un avec vous à cette manifestation très conviviale et détendue.
Mémoires de traduction : SDL Trados arrive en version 2011
On en sait un peu plus sur les nouvelles fonctions de SDL Trados Studio 2011, qui sera présenté aux professionnels parisiens le 6 octobre à l’Ambassade de Grande Bretagne.
Les fichiers bilingues existants peuvent désormais être ré-exploités dans Trados Studio, ce qui a permis la naissance de Perfect Match 2.0. Une fonction qui permet de réutiliser au niveau du document ou du paragraphe tout le contenu déjà traduit auparavant en interdisant de le modifier. Après préparation par l’agence, le traducteur reçoit des fichiers dont la partie déjà traduite est visible mais non-modifiable. Il bénéficie alors du contexte, et a bien entendu à sa disposition toutes les fonctions de Studio pour traduire plus rapidement les correspondances partielles et les segments nouveaux.
Mais c’est surtout l’étape de relecture qui a fait l’objet de l’attention des développeurs de SDL. Le nouveau Studio dispose en effet d’une fonction de suivi des modifications, similaire au mode révision de Microsoft Word, qui permet aux relecteurs de voir les changements apportés au texte par les précédents contributeurs, et de sélectionner celui qui leur semble pertinent. Les filtres d’affichage ont aussi été conçus pour faciliter la relecture. Et le correcteur orthographique de Microsoft Word est exploité au sein de l’éditeur de Trados Studio, ce qui permet aux réviseurs de l’utiliser directement dans leur environnement de travail. Enfin, le système de contrôle qualité (QA Checker) a été amélioré.
L’environnement de travail lui-même, qui constituait l’apport le plus visible de la version 2009 de Trados, connaît quelques améliorations. Par exemple, les projets simples peuvent être lancés beaucoup plus vite que précédemment, et génèrent la création d’un nombre inférieur de dossiers sur le disque dur. Un gadget Multiterm permet aussi d’utiliser ses bases terminologiques à partir de toutes les applications Windows : il suffit de surligner le mot dont la traduction est inconnue, et le gadget renvoie les traductions rencontrées dans les différentes bases qu’il interroge. Un système de pseudo-traduction permet de réaliser divers tests avant de lancer la traduction proprement dite d’un projet. Et WinAlign, le module d’alignement des documents après traduction, est désormais intégré au produit, alors qu’il nécessitait auparavant de faire appel à Trados 2007 (SDL vendait d’ailleurs Studio 2009 avec Trados 2007, qui comportait WinAlign).
Reste évidemment à voir comment fonctionne le produit en conditions réelles de travail.
TM Europe 2011, c’est bientôt !
Il n’est pas encore trop tard pour s’inscrire à TM Europe 2011, qui se tiendra le 29 et le 30 septembre à Varsovie, en Pologne. On y parlera beaucoup gestion des processus d’entreprise, standards de localisation, et outils. En particulier, la conférence se focalisera sur la question de la Traduction dans les nuages : quel avenir pour les services de traduction hébergés en mode SaaS ? En tous les cas, c’est le point principal abordé par l’enquête qui a été mise en circulation ces dernières semaines, et dont le résultat sera commenté en cours de conférence.
Du nouveau sur le front de la Traduction professionnelle
N’ayant rien publié depuis de longues semaines, j’ai voulu passer en revue l’actualité de notre profession et voici l’inventaire à la Prévert qui en résulte.
- Powerling a -enfin- lancé DéjàVu X2, annoncé depuis si longtemps. Bien que faisant partie des bêta-testeurs sollicités, je n’ai pas eu une minute pour le regarder, et je ne sais absolument pas si le nouveau produit est à la hauteur des espoirs suscités par la longue attente qui l’a précédé. Les nouveautés annoncées par l’éditeur sont alléchantes : amélioration de la pertinence des résultats de recherches de concordances de textes dans les mémoires de traduction (technologie DeepMiner); nouvelle interface utilisateur SmartView avec rédaction semi-automatique des traductions en cours de frappe, modèles de projets réutilisables, nouvel explorateur de projets ; prise en compte intégrale du format XLIFF, nouveaux filtres d’import/export et compatibilité totale avec DéjàVu X et Trados; technologie d’Assurance Qualité prenant en charge des règles personnalisables par l’utilisateur; nouvel outil d’alignement multi-fichiers et multi-formats; et enfin, licences utilisateur souples (avec une version d’évaluation entièrement fonctionnelle) et relativement peu chères (la version Professional est à 690 €HT et la version Workgroup à 1 490 €HT). Maintenant, il ne reste plus qu’à l’essayer : c’est pourquoi, si un lecteur de vous en savait davantage sur le fonctionnement de DéjàVu X2 en conditions réelles d’utilisation, je serais heureux de publier son témoignage.
- Wordfast continue de mettre à jour Wordfast Pro pour Windows, Linux et Mac (la version 2.4.2 date de fin avril, et la 4.0 est attendue de manière imminente) avec des fonctionnalités pertinentes, comme l’analyse de fichiers PDF scannés; a sorti Wordfast Classic 6.0, la mémoire de traduction idéale pour ceux qui travaillent surtout avec Word; et continue de maintenir et d’améliorer son système Wordfast Anywhere, l’outil de TM gratuit qui permet à plusieurs traducteurs de travailler en ligne simultanément sur la même TM.
- SDL fait du teasing au sujet de SDL Studio 2011, qui devrait sortir très bientôt et promet surtout d’améliorer le confort de relecture pour les traducteurs et les réviseurs.
- Google a décidé de rendre indisponible l’API qui permettait à tous les éditeurs d’exploiter son moteur de traduction automatique et de l’intégrer à leur produit. Par conséquent, il faudra être très attentif aux offres de logiciels de TM qui intègrent la traduction automatique avec Google Translate. Il est plus que probable que cette fonctionnalité disparaîtra (ou sera désactivée). Sauf, peut-être, pour certains grands éditeurs (SDL ?) qui négocieraient des conditions particulières avec Google.
- XTRF a lancé une nouvelle version (2.3, en mai dernier) qui intègre quelques nouveautés à son système de gestion des projets de traduction, et propose désormais de l’utiliser en ligne (en SaaS, l’outil étant accessible par le Web mais résidant en fait sur les serveurs de XTRF), et également de payer à l’utilisation moyennant des versements trimestriels.
- Atom e-City continue d’avoir un succès fou avec TpBox, son excellent logiciel de gestion des projets de traduction. Nous nous en sommes équipés chez Anyword, et nous ne le regrettons pas ! Non seulement le logiciel améliore grandement l’efficacité des Chefs de projets, mais l’entreprise est très réactive et développe sans cesse de nouvelles fonctions utiles en se basant sur les retours de ses clients. Un modèle dont plusieurs grands éditeurs feraient bien de s’inspirer…
- Toujours sur le front des TMS (Translation Management System), Multicorpora a lancé MultiTrans Prism, une solution qui combine les fonctions de Multitrans (Mémoire de traduction avec intégration des outils de Traduction automatique, gestion de terminologie) à ceux de Beetext (Gestion des projets de traduction, gestion d’entreprise).
- La Rassegna del Traduttore publie sur son blog la liste de toutes les actualités en ligne concernant la traduction et rassemble ainsi de très nombreux fils RSS (dont L’Observatoire de la traduction).
- Le réseau OPTIMALE, (Optimising Professional Translator Training in a Multilingual Europe), un réseau académique issu d’ERASMUS regroupant 70 partenaires de 32 pays d’Europe, a lancé, en coopération avec l’EUATC (European Union of Associations of Translation Companies), une étude en ligne sur les compétences professionnelles des traducteurs attendues par leurs employeurs (agences de traduction, services de traduction au sein des entreprises clientes). Les résultats de cette étude, collationnés à l’échelle Européenne, seront présentés à Bruxelles lors d’une conférence internationale qui se tiendra le 1er décembre 2011.
J’en ai sûrement oublié : n’hésitez pas à m’envoyer des infos complémentaires.
Plates-formes de gestion de projets de traduction : TPBox innove
Le logiciel XTRF d’automatisation de la gestion de projets vient d’annoncer la version 2.2 et son lot d’améliorations diverses, ainsi qu’une séduisante offre de package illimité, destinée aux grandes entreprises, qui n’auront plus à se soucier du coût des licences additionnelles.
Mais la vraie nouveauté semble bien venue d’ailleurs, avec la présentation récente aux agences membres de la CNET du logiciel TPBox, développé par Frédéric Micaleff, d’Atom e-City.
Autant les solutions concurrentes peuvent sembler touffues, autant il est simple de prendre connaissance des fonctions de TPBox. Cette plate-forme Web centralise la gestion des projets, la création et le suivi des devis, la création et le suivi des bons de commande aux traducteurs indépendants, la facturation des clients et des sous-traitants, la gestion des fichiers à traduire, la gestion des mémoires de traduction, la base des contacts clients et traducteurs, la sélection des traducteurs en fonction de divers critères, dont leur disponibilité et, d’une manière générale, tous les traitements qu’une agence de traduction est amenée à réaliser.
Bien que l’interface utilisateur soit assez dense au premier abord, elle est aussi pleine de trouvailles destinées à réduire le nombre de clics et, in fine, à accélérer les traitements. En outre, son caractère totalement personnalisable (modification ou traduction des chaînes, gestion des utilisateurs, aspect final, affichage conditionnel des fonctions) facilite grandement la prise en mains. De leur côté, l’espace Traducteurs et l’espace Clients permettent aux uns et aux autres de centraliser les données de projet les concernant : documents de référence, projets en cours, fichiers à traduire et fichiers livrés, etc.
Autre immense avantage de ce système : il est livré conditionné sur un PC serveur qu’il ne reste qu’à installer sur son réseau local. Autrement dit : les données de l’agence restent chez elle, et ne sont pas stockées sur les machines d’une agence concurrente, contrairement à ce que propose par exemple XTRF. Il s’agit d’un argument de vente très fort, d’autant que le produit est d’office commercialisé en licence « illimitée » : aucun surcoût n’est à prévoir en fonction du nombre d’utilisateurs ou de bureaux qui l’exploitent.
Bref, il semble bien que Frédéric Micaleff, qui a travaillé plus de huit ans sur ce logiciel, ait réussi à lui seul à égaler les produits concurrents les plus exigeants. D’ailleurs, le succès qu’il rencontre à l’issue de sa présentation à la CNET lui promet des lendemains qui chantent.
Traduction : un marché mondial élevé, fragmenté et en croissance
Avec le printemps arrivent les résultats des enquêtes sur la traduction et les traducteurs. Ainsi, la version 2010 de The Language Services Market, l’étude de Common Sense Advisory a-t-elle été récemment envoyée aux répondants de l’enquête 2011. Beaucoup plus fouillée que les précédentes, elle mesure avec une précision inégalée jusqu’ici le marché de la traduction et des services linguistiques dans le monde.
Des agences de traduction très nombreuses et une croissance forte
Comme leurs auteurs le racontent très bien en introduction, il leur a d’abord fallu identifier la quasi-totalité des agences de traduction dans le monde. Ils en ont trouvé 23 380 dans 149 pays soit, d’après leurs estimation, 92,5% du total ! D’après les enquêteurs, ces agences développent ensemble un CA mondial de 26,3 milliards de dollars en 2010 (18,5 milliards d’euros)*, et 23,2 milliards de dollars en 2009. Un chiffre bien supérieur aux estimations parues il y a dix-huit mois, qui indiquaient un CA de « seulement » 17 milliards de dollars pour 2010 et 15 milliards pour 2009, soit 30% inférieur. Il faut dire que les chiffres étaient alors extrapolés à partir d’une base bien plus réduite qu’aujourd’hui.
Mesurant la taille du marché avec une précision accrue, Common Sense Advisory était capable de déterminer de façon plus pointue le taux de croissance annuel : 13,15% ! S’il est légèrement inférieur aux prévisions antérieures, ce taux reste extrêmement élevé comparé à la croissance mondiale. C’est d’autant plus remarquable qu’il a été calculé en prenant en compte la mauvaise performance de l’année 2009 : c’est en fait la moyenne entre la croissance 2009/2008 (8,21%) et la croissance 2010/2009 (18,09%).
Autre innovation importante, le marché est désormais mesuré (et les acteurs majeurs indiqués) dans les neuf grandes régions du monde identifiées par les Nations Unies (Amérique du Nord, Amérique du sud, Europe du Nord, Europe de l’Ouest, Europe du sud, Europe de l’Est, Asie, Afrique, Océanie) au lieu de quatre auparavant (USA, Europe, Asie, Reste du monde). Si les pays européens concentrent le plus grand nombre d’entreprises de traduction (15 471 sur 23 380), ils arrivent en deuxième position pour le CA généré (43,18% du marché mondial, contre 48,5% à l’Amérique du Nord). En Europe, ce sont les pays d’Europe du Nord qui centralisent la plus grande part du CA (19%, 5 milliards de dollars en 2010), suivis de l’Europe de l’Ouest avec 11,10% (et 2,9 milliards de dollars en 2010). Autrement dit, l’agence de traduction « moyenne » d’Europe dégage un CA de 735 000 dollars (517 000 euros), contre 1 126 000 dollars (792 000 euros) pour l’agence moyenne au niveau mondial, et sans doute beaucoup plus encore pour l’agence moyenne en Amérique du Nord ou au Royaume Uni.
Le marché français passé au scanner
C’est dire que le marché est bien plus fragmenté qu’anticipé : alors que les précédentes enquêtes considéraient que 26,6% du marché était détenu par les 30 entreprises de traduction les plus importantes dans le monde, l’étude 2010 rapporte que les 40 plus grandes sociétés ne se sont appropriés que 15% du marché mondial. Autrement dit, 85% du marché se répartit entre les « petites » agences, celles qui font moins un CA inférieur à 18 millions de dollars !
Une étude particulièrement bien informée, donc, que la lecture du dernier Observatoire de la traduction**, mené par la CNET (Chambre Nationale des Entreprises de Traduction), complète utilement au plan français. La précédente livraison datait de 2008 (chiffres 2007), car trop peu de répondants s’étaient manifestés pour l’enquête 2009 (chiffres 2008). Par conséquent, le dernier observatoire permet d’avoir une vue détaillée de l’activité en 2009, une année sombre s’il en fût, puisque 64% des entreprises françaises de traduction ont vu leur CA baisser. Pourtant, entre 2007 et 2009, dans l’ensemble, les entreprises ont crû : en effet, là où 39,5% des entreprises de traduction répondant au questionnaire de la CNET réalisaient en 2007 un CA compris entre 150 000 € et 500 000 €, elles étaient 42% en 2009 ; et si 32,5% des sociétés interrogées faisaient un CA supérieur à 500 000 € et inférieur à 1,5 million d’euros en 2007, elles étaient 38% dans cette situation en 2009. Et ceci dans un contexte où le panel interrogé augmente également, puisque 56 sociétés (sur 395 agences en France) ont répondu aux questions de la CNET sur l’exercice 2009, contre 43 pour l’exercice 2007.Alors, où est passée la crise ? Il semble que ce soit surtout les entreprises fondées depuis moins de cinq ans qui en ont pâti, puisque leur nombre est bien inférieur dans la nouvelle étude (13,72% du panel) que dans la précédente (20%).
Des traducteurs… technologues ?
Mais l’Observatoire ne s’intéresse pas uniquement au chiffre d’affaires. Il examine aussi la structure de l’entreprise, la formation des chefs d’entreprise (45% de traducteurs, 35% issus d’écoles de commerce, 20% d’ingénieurs et journalistes), la certification qualité (16% des entreprises certifiées), l’organigramme (combien de traducteurs en interne ? de chefs de projets ? de commerciaux ?, etc.), la nature des emplois pourvus (CDI, CDD, stagiaires, …), les logiciels utilisés en interne, les services vendus (traduction, localisation, interprétariat, mise en page…), etc. Il s’agit donc d’un outil particulièrement complet pour quiconque souhaite comprendre le fonctionnement des agences de traduction françaises.
Mais si vous voulez en apprendre autant au sujet des traducteurs eux-mêmes, c’est à Trad’Online qu’il faut s’adresser. Après sa première enquête, menée en 2008, Trad’Online a décidé de s’intéresser à l’adoption des nouveaux outils numériques interactifs par les traducteurs professionnels indépendants. Menée auprès de 1330 professionnels, l’étude 2010 dresse un portrait nuancé des traducteurs indépendants : attitude vis à vis des outils de traduction automatique, du partage de mémoires de traduction, de la traduction collaborative, des réseaux sociaux, de l’utilité de ces sites pour trouver des clients… Tout est vu en vingt questions éclairantes sur la relation qu’entretiennent les traducteurs avec leurs outils et leurs donneurs d’ordres.
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*26 milliards de dollars, c’est par exemple l’estimation du marché mondial des tablettes tactiles en 2011, d’après Gartner Group
**Faut-il le préciser ? Il n’y aucune relation entre le blog d’Anyword et la très riche et très intéressante enquête de la CNET menée à titre bénévole depuis 2002 par Xavier Mignot, d’Accent Mondial… excepté l’utilisation de l’expression « Observatoire de la traduction » pour les désigner l’un et l’autre. Ce qui rapproche ces deux « observatoires », c’est bien sûr l’intérêt pour les sujets qui agitent les acteurs de la traduction en France et ailleurs, et la volonté d’en témoigner en respectant un format prédéfini.
Automatiser la traduction ou la gestion des projets, il faut choisir
En panne d’inspiration pour mes prochains billets (il n’aura échappé à aucun de mes lecteurs que mon rythme de publication s’est beaucoup ralenti ces dernières semaines), je consultais les blogs consacrés à la traduction et le hasard m’a amené sur un amusant outil, qui se flatte de détecter si la traduction que vous lui fournissez provient ou non d’un outil de traduction automatique. Vous fournissez le texte source et le texte cible, vous cliquez sur le bouton Compare et, hop !, il vous dit si le texte cible provient d’un outil de traduction automatique ou non ! Ca ne sert pas à grand chose, je pense, puisque, à ce stade, la traduction a déjà été livrée, mais autant savoir ce qu’il en est, c’est vrai. C’est tout de même assez bien fait, puisque la vérification s’opère dans Google Translator, Bing Translation, et Yahoo! Babelfish, soit les trois principaux acteurs de la traduction automatique en libre service.
Et puis, là, en bas, un bouton Human translation attire l’oeil. Je poursuis donc ma visite en le cliquant. Et j’arrive sur la page d’un service de traduction humaine automatisée intitulé One Hour Translation. Ni agence ni place de marché, ce site web d’un nouveau genre propose aux clients de poster leur texte à traduire, d’obtenir un devis instantané et, après paiement, envoie le texte à l’un des 10 000 (?) traducteurs enregistrés, qui fait le travail, livre le site, et reçoit son propre paiement sur une carte bleue spécifique.
Bref, ce n’est pas la traduction elle-même mais tout le travail de gestion de projet qui est automatisé. C’est en quelque sorte l’agence « zéro-humain », où tous les échanges se réduisent à des e-mails et des virements automatisés. Le site se voit vraiment comme une sorte de « moteur » puisqu’il propose de nombreux modes de collaboration aux visiteurs. Il est bien entendu possible de s’y inscrire en tant que traducteur (mieux vaut quand même lire les FAQ avant : c’est édifiant), mais aussi comme affilié, représentant commercial, voire même de construire un site web renvoyant directement les échanges sur eux, qui fonctionnent alors en « marque blanche ». Le site free translation de SDL fonctionnerait d’ailleurs de cette façon, en confiant tout le travail à One Hour Translation !
Il faut bien reconnaître que, pour les clients avertis, cette solution doit sembler avantageuse : on poste son texte source, on paie, et on reçoit son texte cible sans aucun contact, conversation inutile avec un commercial qui vous force à réfléchir à votre demande, etc. Même le service de translated.net est moins automatisé ! La question qui se pose, évidemment, c’est de savoir comment sont résolues les situations délicates et les problèmes courants.
En tous les cas, il faut bien reconnaître que l’automatisation des tâches de gestion de projets semble plus logique que l’automatisation du processus de traduction lui-même. C’est une voie d’amélioration de la productivité (et de diminution des coûts) qui laisse la traduction aux traducteurs, de la même façon que les outils de dictée vocale permettent aux traducteurs d’accroître leur rendement sans prétendre les remplacer dans la fonction de transfert.
Alors, bon ou pas bon ? Difficile à dire sans tester… mais je ne suis pas sûr de le faire dans un avenir proche.
Traduire, le film !
Après D’une langue à l’autre et Langue sacrée, langue parlée, la réalisatrice israëlienne Nurith Aviv vient de sortir le troisième volet de sa trilogie, sobrement intitulé Traduire.
Comme les précédents, le film est projeté à Paris au cinéma d’art et d’essai Les 3 Luxembourgs (67, rue Monsieur Le Prince) et y sera visible jusqu’au 30 mai 2011. Outre les projections, le cinéma organise de nombreuses rencontres, elles-mêmes filmées, autour de ce film, avec diverses personnalités, comme Hélène Cixous par exemple.
Dans ce film, une dizaine de traducteurs littéraires de pays et de spécialisations très divers parlent avec passion de leur métier de passeur, en expliquant les obstacles auxquels ils sont sans cesse confrontés et des solutions qu’ils mettent en oeuvre, jusqu’à, parfois, transgresser les règles de leur propre langue pour mieux rendre la nuance exprimée dans la langue source. De l’italien au russe en passant par le yiddish, le français ou le catalan, Traduire est une belle introduction au métier de traducteur.
2011, année de sacs d’argent pour les traducteurs ?
En ce début d’année 2011, je reçois, tout comme vous, de nombreux messages de voeux. Pour la plupart, il s’agit d’inconnus qui tentent de me vendre quelque chose. Il y a aussi quelques anciennes connaissances qui refont surface et, finalement, bien peu de véritables proches et amis (ils m’ont déjà passé un coup de fil). Je lis tout de même, très vite, la plus grande partie de ces messages, qui me souhaitent bonheur et prospérité, réussite professionnelle, argent et même une « excellente année commerciale ».
Je suis aussi parfois choisi comme destinataire de certaines chaînes de SMS. Par exemple celui-ci : « Ce mois de janvier est très spécial. Il a 5 lundis, 5 samedis, 5 dimanches. Ceci arrive tous les 823 ans. On les appelle les sacs d’argent. Fais passer ce message à 8 personnes, et l’argent apparaîtra. » Tout ceci se déroulant sur un plan pour ainsi dire inconscient de mon fonctionnement professionnel quotidien, je n’y prête pas beaucoup d’attention.
Dans le même temps, j’ai repris contact avec plusieurs relations professionnelles et amicales. J’ai par exemple déjeuné aujourd’hui même avec une traductrice indépendante sympathique pour qui j’éprouve beaucoup de considération. La conversation était intéressante et détendue. Nous avons bien sûr parlé boulot (de quoi d’autre parlent deux traducteurs ?), et spécialement des meilleures méthodes de prospection commerciale, en comparant celles des agences et celles des freelances. Cela vaut-il la peine d’investir en référencement payant Google quand on est à son compte ? Et la prospection téléphonique ? Vaut-il mieux refondre entièrement son site Web ou le faire évoluer progressivement ? Et les réseaux d’affaires ? Etc.
Après cette intéressante conversation, pleine d’enseignements pour nous deux, je suis revenu au bureau, et j’ai repris mon travail : fixer les objectifs annuels de l’entreprise. Améliorer notre application interne de gestion de production, documenter nos procédures d’assurance qualité, mettre à jour notre site Web, revoir notre stratégie commerciale : Web, prospection, mailing, publicité, appels d’offres…
Puis, avant de rédiger le premier billet 2011, j’ai fait un tour, en quête d’inspiration, sur les blogs de plusieurs traducteurs, et notamment sur l’excellent Naked Translations, où j’ai lu un très intéressant billet intitulé Traducteurs et marketing, qui décrit la stratégie commerciale gagnante de Céline : « j’ai déterminé les méthodes les plus efficaces pour me faire connaître, et je me focalise sur leur amélioration. […] Site internet, contacts personnels, contacts professionnels. Ce sont les méthodes qui fonctionnent le mieux pour moi. »
Tout ça pour dire quoi ? La tonalité de 2011 semble avant tout commerciale. Et à l’heure du bilan, nous découvrirons sans doute, comme Céline, que seul le bon sens est payant.
Je vous souhaite à tous une excellente année 2011, pleine de bonheur, d’équilibre intérieur, de plaisirs familiaux, de réalisations personnelles, de quiétude… et aussi d’argent ! (mais pas seulement)