Un article très intéressant d’Alexandre Pouchard sur Rue89 au sujet du fansubbing et du scantrading, ces pratiques de traduction « sauvage » (et, évidemment, gratuites) réalisées par des passionnés de séries télévisées et de mangas. Le phénomène (qui fait aussi l’objet de recherches universitaires présentées au récent colloque organisé par l’Université d’Evry) y est bien expliqué. Quelques responsables d’équipes de fansubbers ont été interrogés par le journaliste et justifient leur point de vue.
Il n’est pas certain que ces pratiques modifient vraiment en profondeur le marché de de la traduction professionnelle, dans la mesure où ces bénévoles traduisent des documents qui ne seront localisés par les détenteurs des droits que bien plus tard.
Il n’empêche que la multiplication des traducteurs gratuits (qu’on songe à la traduction collaborative des réseaux sociaux ou aux outils de traduction automatique en ligne) tend à accréditer l’idée que l’acte de traduire serait à la portée de tout un chacun. Une idée fausse, et dangereuse pour notre activité.
De deux choses l’une, soit les traductions sont bonnes (et gratuites), et l’utilisateur peut imaginer que ce travail est à la portée de tout le monde, tout en étant incapable lui-même d’effectuer une traduction correcte, ce qui ne peut que confirmer au final que la traduction n’est pas une tâche facile, soit elles sont mauvaises, ou moyennes et on arrive à la même conclusion.
Les traductions bénévoles ne datent pas d’hier et les bénévoles qui ont du talent savent que le travail qu’ils effectuent ne peut se faire gratuitement que si la motivation est au rendez-vous.
Quand aux « clients », s’ils s’aventurent à tenter leur chance du côté de l’automatique, du gratuit ou du très peu cher, ils auront vite la confirmation que leur choix n’était pas le bon.
Aux professionnels de refuser de se vendre à bas prix, tout en étant toujours à la pointe de la technologie.