Le blog de l’équipe de développement de Microsoft Live Translator présente une nouvelle fonctionnalité, qui permet de visualiser côte à côte le texte source et le texte cible. Ca donne le résultat que l’on peut apercevoir dans l’illustration ci-dessus. Rien de bien révolutionnaire, puisque la même chose existe dans Word, mais c’est vrai que c’est bien pratique… Sauf qu’il y a de quoi être atterré, à première vue, par la traduction proposée ! Comme le sujet initial du texte concerne des outils Microsoft, on serait pourtant en droit de s’attendre à ce que le dictionnaire interne ait été correctement renseigné, et améliore le rendu.
Voyons un peu ça dans le détail. la première phrase du paragraphe « Understand your code Better » (que je traduirais intuitivement par « Mieux comprendre votre code ») est rédigée de la façon suivante : « Understand what Visual Studio Team System’s Code Metrics is measuring and how, so that you can use it to gain insight into your apps’ overall complexity and spot potential problem areas. » Ce qui signifie : « Comprendre ce que la fonction Code Metrics de Microsoft Visual Studio Team System mesure et comment, pour obtenir un meilleur aperçu de la complexité générale de votre application et cerner les zones de problèmes potentiels. » Voilà comment l’outil de Microsoft le traduit : « Comprendre ce qui est mesure métriques de code de Visual Studio Team System et comment, afin que vous pouvez l’utiliser pour obtenir l’aperçu des vos applications globale de complexité et spot problématiques potentiels. » Autant je trouve les logiciels de traduction automatique utiles pour obtenir un brouillon à remanier, autant, là, je ne saurais pas par où commencer ma révision !
Par curiosité, je copie-colle le texte source dans Google Translate pour voir ce qu’il propose. Et j’obtiens « Comprendre ce que Visual Studio Team System Code de la métrologie est la mesure et de quelle façon, de sorte que vous pouvez l’utiliser pour mieux comprendre vos applications globale de la complexité et place les domaines de problèmes potentiels. » Oubliez la première partie de la phrase, et examinez bien la seconde : c’est presque ça (et c’est à peu près correctement conjugué).
Enfin, je lance PROMT 8. Avant de lancer la traduction, je réserve (c’est-à-dire que je définis comme à ne pas traduire) les expressions Visual Studio Team System et Code Metrics. Et j’obtiens : « Comprenez ce que le Code Metrics DE Visual Studio Team System mesure et comment, pour que vous puissiez l’utiliser pour arriver à mieux connaître la complexité totale de vos app et apercevoir des régions de problème potentielles. » Honnêtement, c’est pas mal, non ?
Pourtant ce n’est pas encore ça. Pourquoi ? Vous êtes vous penché sur le texte américain ? Il utilise une abréviation (« app » pour « application ») en provenance du jargon des développeurs (il y a peu de chance que vous trouviez « app » dans un dictionnaire anglais). Remplaçons-le par « application ». Et introduisons la relative « and spot potential problem areas » par une virgule et un « to » pour obtenir « , and to spot potential problem areas ». Ce cette façon, la phrase américaine à traduire devient « Understand what Visual Studio Team System’s Code Metrics is measuring and how, so that you can use it to gain insight into your application overall complexity, and to spot potential problem areas. »
Google répond : « Comprendre ce que Visual Studio Team System Code de la métrologie est la mesure et de quelle façon, de sorte que vous pouvez l’utiliser pour avoir un aperçu global de votre application complexité, et de repérer les domaines de problèmes potentiels. » La première partie de la phrase est toujours aussi nulle, mais on sait que ça vient du dictionnaire (Code Metrics n’y figure visiblement pas, du coup le moteur ne sait pas comment l’analyser). Quant à la seconde partie, elle est presque parfaite, non ?
PROMT donne: « Comprenez ce que le Code Metrics DE Visual Studio Team System mesure et comment, pour que vous puissiez l’utiliser pour arriver à mieux connaître votre complexité totale d’application et apercevoir des régions de problème potentielles. » Là encore, c’est exploitable: une rapide révision et on y est.
Et Live Translator ? Voilà son résultat : « Comprendre ce qui est mesure métriques de code de Visual Studio Team System et comment, afin que vous pouvez utiliser pour obtenir l’aperçu de votre application globale de complexité et de la tache problématiques potentiels. » Franchement, c’est pas gagné…
J’en tire trois enseignements:
- L’outil de traduction automatique repose toujours sur un dictionnaire, qu’il faut être en mesure de mettre à jour, sans quoi on trouble le moteur d’analyse syntaxique, qui devient dès lors incapable de fournir une structure correcte au moteur de traduction, lequel ne peut donc pas fournir un résultat exploitable. Autrement dit: les moteurs en libre service sur le Web ne peuvent pas fournir de résultat intéressant.
- La traduction automatique nécessite de comprendre suffisamment bien la langue source pour pouvoir modifier la phrase d’origine avant de la traduire (si c’est mal écrit, ce sera mal traduit) ;
- La traduction automatique nécessite que l’utilisateur comprenne suffisamment bien la langue de destination pour pouvoir apprécier la qualité de la phrase renvoyée et décider des corrections à apporter ;
En bref, la traduction automatique est un outil de productivité destiné aux traducteurs professionnels ou aux agences de traduction, ce n’est pas un outil de compréhension pour les non-traducteurs. CQFD.
PS: Voir aussi, sur le même sujet, ou presque.
j’ai tout compris ! dingue non ?
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